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~ Le Miroir d'Alice ~

Intermède 3

Alice se réveille en fin de matinée, nauséeuse, un goût de métal dans la bouche, avec une impression bizarre trottant dans la tête: celle d'avoir oublié un détail important. Le détail qui est la solution unique de son problème... Pourquoi songe-t-elle à un problème d'ailleurs ? Pourquoi songe-t-elle au détail qui résoudrait ce problème ? Pour l'instant Alice pense que son seul problème c'est de s'être endormie sans se démaquiller et sans se déshabiller. Elle a laissé des traces de rimmel et de rouge à lèvres sur le drap, sa jupe est toute froissée et son chemisier de soie est tout chiffonné. Alice se gronde. " M... midi déjà ! Et D. qui vient diner ce soir"

Alice s'active tout l'après-midi pour que ce premier diner soit une réussite: nettoyer l'appartement, le ranger ( D. est un peu maniaque de l'ordre bien qu'il penserait déchoir de participer au ménage), mets recherchés, vins fins (elle sait que son amant est un fin gourmet).

Mais surtout s'apprêter, elle ! Ce soir Alice se veut courtisane. Elle sait qu'il apprécie la lingerie précieuse, qu'il est un peu fétichiste. Et qu'il a des pratiques curieuses: il a déjà évoqué avec elle la soumission et la domination. Mais il n'a pas insisté quand elle a répondu que cela ne l'intéressait pas. Pourtant Alice veut faire plaisir à son amant. Aussi chosit elle un corset léger de brocard prune qui fait pigeonner ses seins. Elle enfile délicatement des bas fins, de soie noire, chausse des escarpins à bride, passe un long déshabillé de dentelle de Calais. Noir. Et pour son amant, pour lui, elle attache un collier de dentelle autour de son cou. Son parfum est envoutant, riche en musc et son maquillage est un peu plus appuyé qu'à l'accoutumée.

Le voici !

Alice ouvre la porte, se dérobe, lui fait signe d'entrer, de la suivre et c'est seulement dans la pleine lumière du séjour qu'elle se retourne vers lui pour qu'il la voit et la détaille.

Il porte comme d'habitude des vêtements étonnants, toujours décalés dans le temps.

Alice fait une petite révérence, coquine.

D. lui fait signe d'approcher: elle obéit.

Il saisit son cou fermement et l'embrasse presque brûtalement.

Alice qui se sent fondre, "Oooh, je suis trempée !", pense que c'est un baiser de Seigneur, un baiser de Maître à esclave. Le corset lui coupe le souffle. Le baiser de D. également.

- Vous êtes superbe. Comme toujours. Mais plus encore ce soir.

Alice rougit sous le compliment, respire à petits coups par la poitrine. Le corset qui contraint sa taille, gonfle ses seins à chaque inspiration.

- Je... Merci... J'ai un petit cadeau pour vous là-haut. Installez-vous, je reviens tout de suite.

Alice s'échappe.

- Ouvrez la bouteille de champagne s'il vous plait.

Elle veut surtout retoucher son maquillage et changer de culotte. Alice pense qu'elle est folle de cet homme curieux, tout à la fois charmeur et dominateur, avec ce vouvoiement qu'il a imposé dès le début de leur relation.

Le cadeau est là sur le lit, une ancienne édition de Justine de Sade, qu'elle a déniché chez un bouquiniste au milieu de romans roses à trois sous.

Alice entre dans la salle de bain, s'assoit sur les toilettes, sa culotte sur les chevilles...

Le miroir est là qui semble l'attendre...

- Tiens je l'avais oublié. Oh ! Ca pique"

Alice se regarde dans le miroir. Puis le retourne. L'arrière est très ornementé. "Tiens ? On dirait que ça s'ouvre" Elle examine attentivement la surface métallique, trouve le petit fermoir...Un ressort caché, l'arrière du face à main s'entrouve sur une surface métallique, lisse, ténébreuse. Alice frissonne, une impression de déjà vu lui passe par l'esprit.

Tout d'abord Alice ne voit rien. Puis, peu à peu, le métal s'embrume, s'éclaircit.

- Des rails ! Une gare ? Non. Une station de métro.

Une lueur apparaît là-bas. Une rame de métro approche.

Soudain Alice se souvient. Elle veut refermer le miroir.

- Je... Non................


à suivre...

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