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~ OTAGE ~ 

la putain de Londres


Londres...
De retour à Londres.
Le bateau avait fait escale à Barcelone et j'avais quitté mes amis.
Mes amis, mes amants, mes souteneurs.
Qu'importe.
Femme ou putain ou maîtresse, j'avais été tout cela.
Des mois de juste équilibre où j'avais donné autant que j'avais pris.
J'avais écarté mes cuisses à volonté mais j'avais aussi ouvert mon âme. J'avais écouté.
Les marins m'avaient tout dit sur eux. Leur vie familiale, leurs enfants, leur épouse.
Qu'ils aimaient. Même lorsqu'ils me prenaient, qu'ils s'agitaient sur moi, qu'ils s'agitaient en moi.
J'étais leur confidente, leur confesseur... mon ventre qui les accueillait libérait la parole.
Sotte que je suis... Hihihi. J'allais dire "libérait leur langue".
Femme ou putain ou maîtresse, je l'ai déjà écrit mais en plus j'étais devenu leur amie.
Même le capitaine qui après une colère mémorable lorsqu'il m'avait vue ré-apparaître au mess des officiers, s'était laissé à des confidences.
Que je ne répèterai pas.
Ma dernière soirée sur le bateau fut chaste. Je m'étais parée soigneusement.
A la fois sage et provocante.
Une jolie robe de dentelle blanche, des bas blancs, pour être sage.
Un maquillage appuyé, y compris mes bouts de seins, pour être provocante.
Ils m'attendaient dans le mess des matelots, tous grognons, bourrus, d'une gaieté forcée. A la fois pressés de me conduire à terre, mais tristes aussi, désirant me retenir encore et encore.
Comédie d'hommes tellement attendrissante.
Et puis les cadeaux inattendus. Une énorme ( un litre ?) bouteille de parfum, du Channel; un inimaginable bouquet de roses rouges que le cuistot peinait à porter; des vêtements, dessous, tailleurs, manteaux, (où et comment avaient-ils obtenu tout ceci ? Que des marques, de la haute confection) et puis un relevé bancaire. Sur un compte luxembourgeois. Avec un crédit...
La somme me suffoqua. Je refusai.
Pas très longtemps.
Car Paolo, sur l'ordre du Capitaine, m'avait attrapée, couchée sur ses genoux et administrée une fessée cuisante.
Je me rendis à ses arguments, les larmes aux yeux, de rire et de douleur, et j'acceptai le présent.
Je me relevai, rabattis ma jupe et les embrassai tous en pleurant. Un baiser d'adieu, un baiser d'amie, un baiser d'amante.




arriveLondres

Je sonnais chez moi, le coeur battant.
Chez moi ? Le "Madame et Monsieur " avait disparu de la plaque et il ne restait qu'un Monsieur Tankred. 


Cela m'étonna mais je n'y prêtais plus attention car la porte s'ouvrit.
Georges !
" Kendra ? C'est toi ? Tu n'es pas morte ? "
Je l'embrassai. Il me rendit un baiser distant.
" Rentre. Ne reste pas dehors, il fait froid. Veux-tu manger ? Du thé ? "
Sa froideur me surprit. Mais il était abasourdi, c'est ce que je pensais à cet instant.
Je m'installai sur un fauteuil. En cuir, tout neuf. Comme toute la pièce d'ailleurs. Et ce téléviseur géant !
Georges avait refait toute la décoration. A sa façon. Pauvre Georges, toujours ce goût déplorable.
Et ce thé ! Trop fort, trop amer. Décidément mon pauvre mari n'avait pas fait de progrès en cuisine.
Il m'interrogeait, voulait savoir ce qu'il m'était arrivé.
Je lui racontais mon enlèvement, les tortures infligées, mon exécution simulée, mon expédition vers le Pakistan, mon sauvetage par les marins du cargo. Je passais sous silence une partie de l'histoire, celle qui concernait mon activité particulière sur le bateau.
Je me sentis soudain épuisée. Une bouffée de chaleur me fit ouvrir mon blouson de cuir. Je baillai. J'allais demandé à aller me coucher.
Je perdis connaissance.



Une horrible sensation d’étouffement m’éveilla soudain. Je tentai de repousser ce que je prenais pour un drap ou une couverture mais je ne pus bouger. Appeler ? Impossible également. J’étais ligotée, les poignets et les chevilles et bâillonnée par un ? morceau d’adhésif ? J’étais trempée de sueur et quelque chose plaqué sur mes narines m’empêchait de respirer.
Je secouai la tête, des crissements de plastique, j’étais enfermée dans un sac de plastique !
Je criais : rien ne sortit de ma bouche à part un grognement.
Je me débattis : rien n’y fit. Je ne réussis qu’à augmenter la suffocation. Je…
Une tape sur le sac et la voix de Georges :
" Economise ton air Kendra, le sac est bien fermé. On arrive bientôt. "
Georges ?
Peu à peu je calmais ma respiration. Peu à peu je repris le contrôle de mes instincts de bête prise au piège. Je fermais les yeux, je parvins à me tourner légèrement et je pus respirer presque normalement l’air confiné qui empestait ma sueur et ma peur.
Le sol sous moi bougeait, vibrait.
Je compris que j’étais dans une voiture. Une voiture qui roulait doucement, qui tanguait en tout sens.
Dans un chemin !
Une voiture qui s’immobilisa soudain.

 


"Bienvenue chez moi. Trente hectares de forêts pour chasser. Et cette chapelle abandonnée.

J'ai achetée ça avec la prime de ton assurance vie."

 

Georges me déballa sur ce lit infâme...


"On va bien s'amuser tous les deux. Surtout que tu es morte. Ah ah ah !"

 

... me ligota aux barreaux ...


"Pas le temps de te violer ce soir. Je suis de garde. T'impatiente pas. Je vais te mettre au frais pour ma prochaine perm"

 

... déchiqueta mon collant, trancha mon soutien-gorges...


Georges s'activait là-bas. Je voyais mal. Les cordes étaient tellement serrées que je pouvais à peine tourner la tête.


Puis il m'entraîna vers le puits qu'il avait ouvert.

"Si Madame veut bien se donner la peine ?

     
 

Tu vois quand tu veux !

   
   

Tu vas descendre salope ?

 
     

Je te libère ..."

 


 

   

.. et en route...

 

 

... pour ton boudoir

 
 
 
   

 

"Terminus ! Tu peux enlever la corde"

 

 

 

"Crie tout ton soûl...

... il n'y a personne à des kilomètres à la ronde.

 

 

Bonne nuit !"

La lumière s'éteignit, j'entendis la voiture démarrer et s'éloigner et je me retrouvais,

nue au fond de ce puit, glacée, sous l'oeil glauque de la caméra.


J'avais enfilé le blouson de cuir qu'il m'avait jeté, je m'étais recroquevillée et j'avais attendu. Désespérée.

Le temps avait passé.Une journée, une nuit je crois. La faible clarté qui tombait dans le puit avait changé plusieurs fois. Elle s'était éclaircie, puis assombrie et de nouveau éclaircie. J'avais faim, j'avais soif, j'avais froid, j'avais envie de... Je n'avais pu me retenir et j'avais fait. Là. Au fond du puit. La puanteur de mes excréments se mêlait à l'odeur humide de mon oubliette.

J'entendis des bruits là-haut. J'appelai d'une voix rauque: c'était Georges.

" Je termine quelques aménagements de confort et je m'occupe de toi.

Ne sois pas si impatiente ma salope chérie"

 

" Passe ton cou dans la corde "

Que pouvais-je faire d'autre ? J'obéis.

"Ah ! Plus facile avec le treuil, non ? "

" Un p'tit apéro peut être ? "

Lèche bien le bout !


" Viens par là, salope. Tu vas aller décrasser ta couenne "

" Bouge ton cul !"

" Voici la baignoire de Madame. Saute ! "

" A plus tard ma jolie. J'ai des petits cadeaux à terminer pour toi "

 

Il m'avait brûtalement attachée les bras, entravée les jambes et il m'entraîna au-dehors vers ce qui avait dû être le cimetière de la chapelle.

Il y avait une tombe ouverte que la pluie avait remplie.

Il me poussa dedans. L'eau me glaça et je manquais m'étouffer. Je me débattis, essayai de me retourner, de respirer.

Il referma la grille, posa une grosse pierre dessus, me laissant tremper dans l'eau glacée, froide comme... une tombe.


"Je vais faire de toi mon esclave."

"Une esclave c'est fait pour être violée, torturée et battue"

Il m'avait attachée sur une vieille roue de charette. Tandis qu'il divaguait comme un fou, il me palpait, enfonçait ses mains en moi.

"Alors on commence tout de suite"

Je hurlais quand les lanières déchirèrent ma poitrine...

... puis mon ventre écartelé. Je roulais, je tanguais et toujours le fouet s'abattait sur mon corps impuissant.

Puis ce qui devait arriver arriva : il s'approcha, manipulant de la main, son sexe tendu, violacé de perversité.

 

Il me viola brûtalement, rapidement...

... se répandit en moi.


" Voici tes chaînes, esclave "

Le lourd collier se referma sur mon cou puis les fers emprisonnèrent mes chevilles, mes poignets.

" Mange esclave "

Enchaînée, à quatre pattes, je pus enfin dévorer la pâtée pour chat que Georges avait jeté dans une gamelle.


"Passe cette combinaison. Tu auras plus chaud dans le puit"

"C'est plus simple avec le treuil non ?"

 

"Bien d'avoir un mari bricoleur"

"Approche ! Un dernier coup pour la route"


Il me lubrifia l'anus et il ... m'encula. Le collier qui me retenait me broyait le cou et je sentais à peine la bite de Georges dans mon cul. Soudain je pris la décision.Je devais en finir. Qu'importe. Ce salaud me torturerait jusqu'à ce que je meurs réellement.

J'aggrippai la chaîne et je me lançai en avant. J'entendis un cri, puis un bruit sourd et un craquement.

Je réussis à me décrocher de la chaîne et je me retournai pour regarder au fond du puit.

Georges était au fond le derrière en l'air et sa tête bizarement tournée me fixait de ses yeux morts.

J'ouvris la boîte à outils, j'y trouvai des clefs et je me libérai de mes chaînes

Oh que c'était bon !

La lumière enfin. Libre, j'étais libre.

La voiture était là avec les clefs sur le tableau de bord.

Je démarrai sans penser à autre chose que fuir.

Un peu plus loin je m'étais arrêter. Je tremblais de partout maintenant. Le contre-coup, le froid ?

J'avais fouillé la voiture de Georges.

Sa pochette avec un peu d'argent et son portefeuille, quelques dessous, des chaussures et un vieil imperméable que j'enfilai en grelottant.

Et un téléphone portable.

J'appellai Paolo. Ils ne me restait plus qu'eux.

Le bateau faisait escale à Aberdeen (j'étais restée si longtemps au fond de ce trou ?).

Le GPS de la voiture me donna le chemin.

Il était là sur le quai, qui m'attendait. Je me jettai dans ses bras.

Depuis ?

J'ai beaucoup navigué. Je suis devenue une vieille louve de mer.

Je suis matelot sur le bateau. Je fais le service au mess ( même le service auquel vous pensez ! ) mais je participe aux différentes tâches. La manoeuvre aussi. J'ai même obtenu un brevet de navigation (en payant un peu d'accord !)

J'approche maintenant de la quarantaine, je suis heureuse sur le bateau.

Parfois pourtant je me souviens de ces moments terribles.

Alors j''écris ...

 


FIN